Thierry de Duve – Nominalisme pictural. Marcel Duchamp, la peinture et la modernité.

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Thierry de Duve – Nominalisme pictural. Marcel Duchamp, la peinture et la modernité.

Pub. by Éditions de Minuit
1984
Language: French

Second-hand book
Overall good condition

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Il s’agit de peinture. Il s’agit de la modernité.
À l’automne 1912, rentré de Munich où il vient de peindre, dans la manière cubiste, la Mariée qu’il reportera plus tard sur le Grand Verre, Marcel Duchamp “ abandonne ” la peinture et, quelques mois plus tard, “ invente ” son premier ready-made : deux faces d’un même acte que la suite de l’art moderne n’a cessé d’investir de sens contradictoires et de sentiments mélangés et qui, aujourd’hui, à l’heure où le “ postmodernisme ” est sur toutes les lèvres, s’offrent ensemble à la réinterprétation.
Le ready-made est d’extraction picturale, il appartient à l’histoire de la peinture, mais sur le mode de l’abandon. Il lui appartient d’autant plus que ce mode est aussi celui de l’avant-garde picturale, en 1912 plus que jamais, au moment où Kandinsky, Kupka et Delaunay s’apprêtent à abandonner la figuration pour la “ peinture pure ” et posent la question moderniste de l’être pictural comme langage. L’abandon duchampien s’inscrit dans cette histoire mais non dans cette question. Il l’expose plutôt, et révèle que l’enjeu de la tradition moderne que Duchamp trahit et transmet malgré tout aura été le nom de la peinture, le pacte élémentaire et incertain qui lie l’artiste et son public autour d’un jugement : ceci est un tableau, cela n’en est pas un.
Dégager la résonance stratégique de cet abandon que Duchamp lui-même appela “ une sorte de nominalisme pictural ” demandait qu’à notre tour, nous, les regardeurs “ qui faisons les tableaux ”, abandonnions l’horizon moderniste du questionnement esthétique. Pour comprendre ce que signifie “ ne plus peindre ”, il est peut-être moins nécessaire de savoir ce que veut dire “ peindre ”, que de saisir ce qu’implique “ avoir peint ”. C’est pourquoi la période “ cubiste ” et munichoise de Duchamp est ici analysée, et singulièrement ce Passage de la vierge à la mariée où quelque chose s’est joué de l’ordre de la révélation. C’est pourquoi aussi, l’histoire se confondant pour un instant avec la biographie d’un homme et même avec l’autobiographie qui perce de son œuvre, la psychanalyse est ici convoquée. Elle l’est comme méthode plus que comme théorie, comme champ dont le développement historique a été parallèle à celui de l’art moderne dans une épistémè commune, et enfin comme pratique du Witz révélateur, à prendre, à notre heure, avec un grain de sel tout duchampien.

‑‑‑‑‑ Table des matières ‑‑‑‑‑

Art et psychanalyse, encore ? Pour un parallélisme heuristique – L’art et le rêve : Duchamp et Freud – Récits

Passages
. Wunsch aus München – Stratégies – La femme, métaphore de la peinture – De la Vierge à la Mariée – Le Passage – Et le passeur

Intermède théorique

Révélations
. Les deux acmés – Duchamp dans le cubisme – Le réel – Le symbolique

Résonances
. Munich en 1912 – Marcel Duchamp, ouvrier d’art

La couleur et son nom
. « Ces êtres étranges que l’on nomme couleurs » – « Les couleurs dont on parle »

Le readymade et l’abstraction
. Kupka et la question de la couleur pure – Delaunay et la question du métier – Malevitch et la question de l’abandon – Infra-mince

Transitions
. « L’impossibilité du fer » – « La figuration d’un possible » – « Le célibataire broie son chocolat lui-même » – La tradition et l’industrie – Chaudron percé

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